Dark Wallet, le portefeuille Bitcoin qui blanchit toutes les transactions
Cody
Wilson, le crypto-anarchiste qui a imprimé la première arme en 3D,
frappe à nouveau avec la création d'un portefeuille Bitcoin qui garantit
un anonymat total aux utilisateurs.
Les forces de police vont, de nouveau, avoir du pain sur la
planche. Un groupe de hackers crypto-anarchistes regroupés sous le nom
« Unsystem » (« non-système ») vient de publier la version
alpha de Dark Wallet, un portefeuille Bitcoin qui se présente sous la
forme d’un plugin Chrome/Chromium et qui a été spécialement créé pour
rendre les paiements réellement anonymes.
En soi, le protocole Bitcoin protège déjà en partie l’identité des
utilisateurs, car il n’utilise que des adresses numériques et celles-ci
ne sont liées à aucune donnée personnelle, que ce soit au niveau du
registre général de toutes les transactions (Blockchain) ou des
portefeuilles eux-mêmes. Mais cela ne suffit pas. En traquant les
adresses IP de connexion et en faisant une analyse poussée du
Blockchain, il est possible de démasquer les utilisateurs.
Mixer les transactions et masquer les adresses
Pour
résoudre ce problème, les développeurs d’Unsystem introduisent un
certain nombre de mécanismes supplémentaires, qui prennent appui sur le
protocole Bitcoin. Ainsi, le système CoinJoin mixe les transactions de
deux utilisateurs de manière chiffrée, pour qu’on ne puisse pas dire
avec précision quelle somme est venue de quelle adresse, ce qui protège
l’envoyeur. Pour anonymiser le récepteur, Dark Wallet introduit
également des « adresses furtives » (« Stealth addresses ») qui - par un
dispositif cryptographique - permettent de masquer les adresses finales de la transaction par des adresses éphémères et non traçables.
L’efficacité de Dark Wallet reste, évidemment, encore à
prouver. Le développement n’a démarré qu’en décembre 2013, à la suite
d'une levée de fonds de 52.075 dollars sur Indiegogo.
Pour l’instant, le logiciel est encore au stade expérimental. Les
utilisateurs intéressés sont invités à installer le produit et à le
tester. Une plate-forme de test a d’ailleurs été mise en place pour
éviter de vrais paiements en Bitcoin.
Si l’outil tient ses promesses, c’est une bien mauvaise nouvelle pour
les autorités de lutte contre le blanchiment d’argent. Mais cela ne
semble pas troubler les développeurs, au contraire. Le développeur
américain Cody Wilson, qui pilote ce projet, explique que le but est
justement de créer un outil pour le marché noir, « que ce soit pour acquérir des inhalateurs médicaux sans prescription, du MDMA pour des passionnés de drogues ou des armes »
(source : Wired). Interpellé sur le fait qu’un tel outil puisse
également servir aux terroristes, aux tueurs à gages ou aux pédophiles,
l’homme campe sur ses positions radicalement libertaires. « Eh bien oui, des choses mauvaises vont avoir lieu sur ces places de marché. La liberté est une chose dangereuse », souligne-t-il.
DarkMarket, un successeur potentiel à Silk Road
Cody Wilson est loin d’être un inconnu dans la scène crypto-anarchiste. En mars 2013, il a été le premier à vouloir imprimer des armes en 3D et à diffuser librement leur design au travers d’un site de partage,
bloqué depuis par les autorités américaines. Dans son projet Dark
Wallet, il est soutenu par une dizaine d’autres programmeurs, dont Amir
Taaki, un développeur de 25 ans que Forbes a qualifié d’ « anarchiste
technologique » tout en le classant parmi les entrepreneurs les plus
prometteurs de demain.
Ce Britannique s’est fait remarquer récemment en gagnant un prix de
20.000 dollars lors d’un hackathon à Toronto pour avoir créé un
prototype de DarkMarket,
une place de marché noir en peer-to-peer et totalement décentralisée .
Ce système pourrait, un jour, prendre la place du défunt Silk Road. Mais pour l’instant ce projet est gelé. M. Taaki veut d’abord se concentrer sur Dark Wallet. Il apparaît dans la petite vidéo réalisée pour le lancement de la version alpha:
Un "Wallet" (portefeuille) de Bitcoin nommé Dark Wallet
qui permet de masquer son identité lors de transactions en BTC. Pour
faire simple, quand vous payerez un truc en Bitcoin, votre transaction
sera regroupée avec celles d'autres personnes prises au hasard qui
utilisent le même système. Cela s'appelle du Coinjoin et aura pour effet de ne produire qu'une seul blockchain
qui servira alors à payer les vendeurs. Ce mélange volontaire de
transactions est chiffré, donc il sera difficile pour une entité
extérieure qui espionne le service ou ses utilisateurs de déterminer qui
envoie quoi à qui.
Pour le moment, ça se fait uniquement avec 2
personnes, mais les développeurs souhaitent à terme mixer beaucoup plus
de transactions. Il est bien évidemment possible de se servir de ce
système de CoinJoin pour blanchir ses propres deniers et se les renvoyer
sur ses propres comptes Bitcoin sans que cela se remarque.
Autre
technique, celle de l'adresse furtive qui permet de générer une adresse
Bitcoin utilisant une clé secrète et virtuellement associée à une autre
adresse dans Dark Wallet. Cette adresse furtive est alors diffusée de
manière publique par celui qui souhaite masquer son compte Bitcoin, et
lorsqu'un autre utilisateur de Dark Wallet enverra des BTC à cette
adresse furtive, le système transférera les BTC à la vraie adresse de
l'internaute.
Bref,
vous l'aurez compris, on tient là un service qui s'annonce être une
aubaine pour ceux qui souhaitent avoir plus d'anonymat dans leurs
transactions BTC, mais aussi pour tous ceux qui souhaitent blanchir
leurs Bitcoins tranquillement.
Dark Wallet est encore en version beta et n'est pas parfait, mais devrait se bonifier avec le temps.
Même
s'il est distribué en open source, il implique quand même que les
internautes passent par ce service tiers et lui fasse confiance pour
gérer leurs transactions en Bitcoin. C'est toujours le même problème
avec tous les services de Wallet en ligne. De l'extérieur, Dark Wallet
est effectivement sécurisé et permet de brouiller les pistes, mais comme
d'habitude, si le service se fait poutrer, il sera possible d'analyser
les échanges internes de Dark Wallet pour savoir qui a transféré quoi à
qui. Ce n'est donc pas sécurisé à 100%, mais c'est un excellent début.
Les développeurs de Dark Wallet
planchent maintenant sur l'intégration de Tor dans leur outil pour
justement protéger encore mieux leurs utilisateurs en masquant les
adresses IP de ces derniers.
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