Il est franchement surréaliste de voir les trois géants de l’industrie automobile nord-américaine réclamer du Congrès américain une aide d’urgence.
Mais dire que ça va mal est un euphémisme.
General Motors dit ne pas pouvoir tenir le coup plus de deux mois avant d’être incapable de payer ses factures. Sa dette est de 48 milliards US $. Les salaires et avantages sociaux payés à ses travailleurs se montent à 71 dollars de l’heure contre 47 $ pour ceux de Toyota.
GM doit aussi payer une partie de l’assurance-maladie de ses 780 000 ex-employés aujourd’hui à la retraite. Elle n’a plus d’actifs non essentiels qu’elle pourrait liquider. Et les banques, elles-mêmes en énormes difficultés, n’ont plus les moyens de lui faire crédit.
Cerberus Capital Management, qui possède 80% de Chrysler, voudrait en vendre des morceaux, mais ne trouve pas d’acheteur. Chez Ford, on craint d’être entraîné dans le précipice par la mort d’un des deux autres puisque les trois dépendent des mêmes fournisseurs de pièces.
Ces dirigeants sont évidemment les premiers artisans de leurs malheurs. Refusant depuis longtemps de nous écouter, ou si peu, ils fabriquent des produits dont on veut de moins en moins, ont farouchement résisté aux pressions pour produire des véhicules moins polluants, et ont torpillé la recherche sur la voiture électrique.
Bien fait pour eux, pourrait-on dire. Être sanctionnés par le marché, n’est-ce pas, après tout, périr en vertu de la même règle qui les a longtemps enrichis ? On ne niera pas qu’il y a quelque chose de troublant à voir l’empressement des gouvernements à s’émouvoir en priorité de leur sort et de celui des banques.
Malheureusement, ce n’est pas si simple. Une étude du Center for Automotive Research estime en effet que si la production des trois grands de Détroit chute de 50%, elle entraînera la perte de 2,5 millions d’emplois la première année seulement. Comptez tranquillement jusqu’à 2,5 millions et dites-vous qu’il y a une famille derrière chaque nombre.
Un article dans The Economist explique aussi que se mettre sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers pourrait, au lieu de donner un répit aux constructeurs afin de se restructurer, être le dernier clou dans leur cercueil.
En effet, à la différence de l’industrie de l’aviation, le client dans l’industrie automobile espère toujours entrer dans une relation de long terme avec la compagnie. D’abord, pour que celle-ci honore la garantie des 60 000 km ou 3 ans, et ensuite parce que le «char» est un objet beaucoup plus intimement lié à nos vies que l’avion. On se fidélise souvent à une marque d’auto, alors qu’on cherche plutôt le meilleur «deal» quand on veut un billet d’avion. Qui resterait fidèle à long terme à une compagnie qui se déclarerait officiellement en faillite ?
1 commentaire:
C'est le temps que les Chinois ou les arabes achète GM , Ford :)
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