Selon le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), le vol à l’étalage et les fraudes par cartes de crédit s’élèvent à plus de 882 millions $, soit l’équivalent de 1,4 % des ventes annuelles.
«C’est évident que cela a un impact économique majeur. Un milliard de dollars de pertes par année, c’est non négligeable. Ça vient à avoir un effet sur le coût des produits », a expliqué Gaston Lafleur, président du CQCD. Parmi les dommages collatéraux, il y a les pertes d’emploi. Les entreprises, qui voient fondre leur marge bénéficiaire à cause des pertes encourues, ont une capacité d’expansion moindre.
«Dans plusieurs cas, le pourcentage de pertes est plus élevé que les bénéfices nets de l’entreprise après impôts. C’est beaucoup! Cela signifie que si vous volez un chandail, il faut en vendre quinze pour le récupérer», a-t-il comparé.
L’augmentation des prix a cependant une limite. Pour rester concurrentielles, les entreprises n’ont d’autres choix que de maintenir un certain équilibre.
Phénomène à la hausse
Selon un sondage mené par le CQCD, la situation ne va pas en s’améliorant. En fait, 54 % des commerçants consultés évaluent que le nombre global d’événements a augmenté au cours des dernières années.
La valeur moyenne des vols enregistrés s’élève à 227 $. Les endroits les plus courus sont les supermarchés, les grands magasins, les magasins de produits électroniques et autres. Subissant la pression sociale, les femmes sont plus enclines à voler des biens mode comme des vêtements et des accessoires pour mieux paraître. Les statistiques démontrent également que les vols internes, commis par des employés, sont en nette progression.
La clémence des juges
L’article 355 du Code criminel prévoit une peine maximale de six mois de prison, sauf que dans les faits, les juges sont beaucoup moins sévères, surtout lorsqu’il s’agit d’une première offense.
Chaque année, Me Xavier Cormier représente une quarantaine de clients dans la région de Montréal qui sont appelés devant le juge pour répondre à des accusations de vol à l’étalage.
Parmi eux, il y a des ingénieurs et des professionnels du monde de la santé pour qui la réputation n’a pas de prix. Généralement, les juges vont imposer une amende assortie d’une probation d’un an. Le montant de l’amende est déterminé en fonction de la valeur de la marchandise et de la capacité de payer de l’accusé. Selon Me Cormier, les sommes varient autour de quelques centaines de dollars.
«Dans 95 % des cas, mes clients vont demander une absolution, au terme d’une négociation avec le procureur. On demandera à la personne de faire un don à un organisme de charité et d’expliquer au juge les raisons pour lesquelles un dossier judiciaire serait préjudiciable», a ajouté l’avocat.
Que ce soit pour des raisons professionnelles ou en raison des déplacements aux États-Unis, les jugent vont consentir à accorder l’absolution.
«Ça permet d’éviter un casier judiciaire», a souligné Me Cormier.
Lorsque l’accusé n’a pas la capacité de payer, il peut se voir imposer une sentence suspendue.
La motivation des voleurs
Utilisation personnelle : 27 %
Manque d’argent : 19 %
Vente contre bénéfices : 16 %
Dépendance à la drogue/alcool : 11 %
Affiliation à un gang : 9 %
Défi : 7 %
Dettes/problèmes de jeux : 6 %
Pression des pairs : 2 %
Autres : 3 %
Source : Conseil québécois du commerce de détail
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